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Toujours aucune solution pérenne ouverte à tous qui, en terme de service public, répondrait à un problème de santé publique
Le stockage des déchets dangereux relève en principe du PREDIS(*), donc de la C.T.C.
La Haute-Corse est un département au sol hélas extrêmement riche en roches amiantifères qui affleurent (133 communes sont concernées). Le broyage des « roches vertes », pour des terrassements de projets publics ou privés, conduit à la fabrication de fibres dont la libération dans l’air est extrêmement dangereuse pour la santé puisque leur arrivée dans les poumons est à l’origine de cancers spécifiques.
Depuis 1996, U Levante demande aux autorités de prendre en compte ce grave problème environnemental de santé publique. Le relais est aujourd’hui pris par l’association Monserrato. Deux problèmes sont posés, celui de la protection des ouvriers et des passants pendant les chantiers et celui du lieu de dépôt des déblais de ces roches. Toutes les constructions en cours de la vallée du Fangu (commune de Bastia), vallée à haut risque, génèrent de grandes quantités de ces dangereuses fibres. Chacun peut constater sur place que les travailleurs ne sont pas protégés. Grâce à un arrêté préfectoral (sans enquête publique…), la municipalité de Bastia a l’autorisation de stocker des déblais des terrassements du parking de la gare dans une ancienne carrière, sur le territoire de la commune de Barbaggio. Mais cette ancienne carrière ne peut recevoir qu’un volume limité constitué par les déblais issus de ce chantier et de quelques reliquats de chantiers. Or il existe d’autres chantiers situés dans la même microrégion et pour lesquels aucun lieu de stockage des déblais n’est prêt :
Ces exemples pris dans la vallée du Fangu ne sont qu’une petite fraction de tous les chantiers de Haute-Corse en sites amiantifères.
Il n’y a donc toujours aucune solution pérenne ni ouverte à tous et, en termes de service public, répondant à un problème de santé publique ; en particulier pour les gros chantiers en cours.
Comme il n’y a toujours pas de limitations dans les permis de construire ni de recours administratifs dans ce sens, gageons que la situation va perdurer longtemps encore, au détriment de la santé de toutes les personnes qui auront, de par leur métier, à être en contact avec ces déblais ou qui, par hasard, inhaleront des fibres soulevées par le vent. Elles pourraient, dans quelques années, développer un cancer. Pour elles, on parlera sans doute, dans 30 ans d’indemnisation…
Or la mission d'information de l'Assemblée nationale sur les risques et les conséquences de l'exposition à l'amiante a rendu publiques ses conclusions le jeudi 23 février 2006.
Pour les parlementaires, il faut tirer "toutes les leçons de l'affaire de l'amiante, pour éviter qu'un drame comparable ne se reproduise", et, pour eux, l'affaire de l'amiante doit être "un catalyseur de changements". Les rapporteurs soulignent que "le drame de l'amiante n'est pas tant le fruit de malversations que le résultat d'une faillite du système de prévention des risques professionnels". Ils souhaitent que l’État assure pleinement ses obligations en matière de santé publique : "Le sens de l'histoire est bien un réinvestissement, par l'Etat, de sa compétence dans le champ de la santé au travail".
En Corse, les leçons ne sont toujours pas tirées (depuis 1996 !), les changements sont toujours attendus, les travailleurs et les populations sont toujours exposés et leur santé ne semble pas être la priorité des responsables de l’État et de la région.
U LEVANTE et MONSERRATO
* PREDIS : Plan Régional d’Elimination des Déchets Industriels Spéciaux