Le Conservatoire du littoral (CDL) a rédigé, en janvier 2008, un projet de gestion pour L’Agriate. Dans la présentation des protections, dont bénéficie ce site, il manque l’indication du respect de données juridiques essentielles, le Schéma d’aménagement de la Corse de 1992, seul légal aujourd’hui, les lois d’urbanisme dont la loi « Littoral », le plan de protection contre les risques d’incendies.
De nombreuses restaurations/constructions sont annoncées, alors que le projet indique qu’« aucune action concrète ne figure dans le document ».
L’accueil des publics scolaires est prévu en trois lieux correspondant aux trois communes : la maison de Gradu dans l’Ostriconi (Palasca), un lieu d’accueil pédagogique au Monte Revincu (Santu Petru di Tenda) et un équipement d’accueil de classes découvertes à Ifana (San Gavinu di Tenda).
Sachant que de nombreuses structures d’accueil des scolaires existent déjà en Corse (Galéria, Vizzavona Tatto, Quenza, etc), que la Corse ne compte que 280 000 habitants, que L’Agriate est un lieu difficile d’accès, que des subventions sont nécessaires pour que les scolaires puissent fréquenter ces structures, on peut se demander si c’est le bon sens qui a conduit à envisager quatre nouveaux lieux d’accueil (le 4ème étant le sémaphore de La Mortella).
Des hébergements touristiques nouveaux, dans des structures spéciales, sont prévus au sémaphore de La Mortella et à Ifana. Un hébergement en refuges est maintenu pour randonneurs pédestres et équestres à Ghignu, Saleccia et l’Ostriconi. Trois « maisons de sites » sont annoncées, une à Baccialu sur la R.D. 81, une à Calcajo sur le délaissé de la route de l’Ostriconi, une dans l’ancienne bergerie de Saleccia. Un espace de théâtre de plein air sur l’Ostriconi est également envisagé, on ne sait ni pour qui, ni pour quoi.
Le document indique que L’Agriate serait réservée tout l’été à des usagers payants (donc aisés), pour leur agrément, et au seul bénéfice de professionnels du tourisme. Un comble !
En effet, il est prévu que les pistes (Malfacu, Ostriconi, Marina d’Alga, Ghignu…), hormis celle menant à Saleccia, ne seraient ouvertes à tous qu’hors saison (mais praticables uniquement par des véhicules tout terrain). Pendant la saison estivale, elles ne seraient ouvertes qu’aux « professionnels » (note : il faut comprendre « professionnels du tourisme »). La liaison Luogu Pianu serait accessible uniquement aux chasseurs. Ces « professionnels » pourraient également utiliser, en plus des pistes, les bâtiments et les structures.
On peut donc s’interroger : la construction et/ou la restauration des maisons de sites, maisons pour scolaires, sémaphore et autres, n’auraient-elles pas un but uniquement touristique ?
En résumé, selon ce document : L'Agriate, territoire du Conservatoire du littoral, patrimoine public, deviendrait donc une terre avant tout réservée aux nantis et, surtout, aux professionnels du tourisme ainsi qu’aux chasseurs, souvent polyvalents.
Le Collectif continue à demander pour L'Agriate une politique fondée sur le respect des lois en vigueur et des contraintes environnementales, sur le maintien du patrimoine public, l’accès pour tous à ces espaces naturels, et le refus d'ouvrir la voie à l'implantation d’intérêts privés.
De surcroît, même si cela n’est pas écrit, on peut supposer que tous les frais, toutes les structures (constructions/restaurations de l’habitat et pistes) seront à la charge des contribuables de la Haute-Corse … pour des bénéfices privés.
Il est bon de se souvenir, par exemple, que le ponton du Lotu, réservé aux seules navettes privées payantes, a été financé sur fonds publics. Ou encore que, même si la valorisation du site du Monte Revincu (champ de tir loué à l’Armée) « exige d’importants et coûteux travaux de dépollution pyrotechnique », l’origine du financement de cette dépollution n’est pas précisée. Celle-ci ne devrait-elle pas être exclusivement à la charge de l’Armée, au nom du principe « pollueur-payeur » ?
Enfin, quatre « maisons de gardes » sont prévues : à L’Ostriconi, à Ghignu, à Saleccia et une enfin à Casta (administration générale). Un corps de gardes assermentés, logés sur place, et à l’année est effectivement une nécessité. Mais il faudra définir clairement leurs « missions de gardes » et leur donner les moyens de les accomplir.
Collectif pour l’application de la loi Littoral en Corse
Signataires professionnels de la défense des espaces naturels accessibles à tous : A Manca Naziunale, Partitu di A Nazione Corsa, Via prugressista, Accolta Naziunale Corsa, Fronte populare, GARDE, U Levante, U Taravu, APLAPDL, Surfrider Foundation Europe/Corsica, Figari Piaghj’è Monti, ABCDE, U Polpu, AGIRE, L’Erbaghju, CRAPNEC et l'Association Ethique et Développement du Nebbiu.